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Let's Graffiti Mars 2012
Nous appartenons à la génération Graffiti. De notre point de vue, les bordures des routes périphériques, les trains ou encore les gares ont toujours été décorés de ces œuvres d’art.
Les pratiques ont changé certes, et la perception du public a elle aussi grandement évolué.
Mais classer le graff dans la catégorie ART aux côtés des autres formes d’expressions artistiques, était un peu insultant. Pour les autres formes d’art bien sûr. A donc été créé la catégorie Street ART.
Cette dernière engloberait toutes les formes d’expressions venant de la rue. Le HIP HOP, le graff, le skate,… se trouvent alors respectivement déclassés de la danse, des arts plastiques, et du sport, pour être tous reclassés dans le Street ART.
Cette classification est discutable, et présente des points positifs et négatifs. La volonté de se démarquer des autres formes d’art est réussie, et le graffiti est clairement perçu par tous comme un moyen d’expression particulier. D’un autre côté, envisager le graff comme appartenant pleinement au patrimoine culturel n’est pas non plus évident pour tous.
Alors il nous a semblé utile si ce n’est nécessaire de mettre en valeur leurs travaux, leurs œuvres. De présenter leurs créations de façon positive, et peut être permettre de les faire accepter un peu plus parmi les esprits les plus réticents.
Les goûts et les couleurs ça ne se discute pas, mais il est toujours possible de lever les aprioris formés autour de ce mouvement culturel. Apprécier le graff pour ce qu’il est, une création artistique spontanée et publique.
Très développé sur BCN, il est aujourd’hui beaucoup plus actif que dans les autres villes initiatrices du mouvement.
L’expression artistique dans la rue prend différentes formes en utilisant différents matériaux et supports (pochoirs, peinture, pinceaux, bombes, mur, stores métalliques,…).
Ces choix artistiques ont un effet sur l’œuvre en elle-même, et nous tiendrons compte de ces différences. Nous avons choisi de délimiter notre travail en fonction du support, en s’intéressant principalement aux créations des stores métalliques des boutiques.
Au cours de nos différentes excursions, nous avons eu la chance de découvrir des sites extraordinaires que nous inclurons dans notre présentation. Ils permettent de se rendre compte un peu plus de l’importance des graffs à Barcelone et présentent les travaux des Writers les plus réputés.
Ouvrez bien vos yeux et laissez vous embarquer dans les rues de BCN!
Farah Nadir.
Retouched photographs, Retouched BCNSTREETMUSEUM Mars 2012
En partant d’une idée originale de Robin Collyer, nous avons procédé à la « sculpture » de certaines de nos photographies. Ces transformations réalisées nous ont permis de penser et de voir de façon différente le mouvement. Commençons par présenter le travail du photographe Robin Collyer. Retouched photographs est une série commencée en 1992.
Le travail de Robin Collyer
L’espace public est envahi de messages publicitaires. Nous subissons ces messages à nature faible et très encombrants. Ces messages font partie du décor malgré nous. Le travail de RC consiste à prendre des photographies d’espaces urbains auxquelles il enlève le texte. En effaçant les mots, Collyer gomme le sens, fonction première du texte.
A partir de l’observation de l’environnement urbain et de la représentation, via l’image, des différents pouvoirs de notre société, Robin Collyer construit une œuvre où sculpture, photo et texte se juxtaposent parfois, pour mettre en évidence notre conditionnement et la vacuité de notre culture médiatisée.
Par ce simple geste, les produits deviennent inutilisables ; la rue, privée de ses repères, devient un lieu étranger. Grâce à cette démarche, il devient alors possible de mesurer la surabondance, la confusion et le harcèlement des messages qui nous entourent.

© Robin Collyer, 1992.

© Robin Collyer, 1996.

© Robin Collyer

© Robin Collyer, 1992.
BCN sans les graff...
En exportant l’idée de Robin Collyer à nos photographies de graffitis, nous trouvons le moyen de penser le graffiti de façon différente. Que seraient nos rues sans les graff ? De notre point de vue, la disparition, de tous les graffitis, serait perçue comme un évènement dramatique. Il s’agit d’une des dernières formes d’expression artistiques non soumise à un système, non régi par des règles, et encore totalement spontanée.
Le geste d’effacement des graffitis n’a pas les mêmes conséquences mais nous lui accordons malgré tout un certain intérêt. La perte de sens et de repères sur nos sculptures photographiques est présente mais de façon plus atténuée. Plutôt que de comparer, si nous mettons en parallèle les graff et les messages publicitaires présents dans nos rues, nous constatons que la fin est la même, chercher à faire connaître un nom ou une marque à travers des messages et des images censés marquer les esprits.
En effet, seulement le passant avisé, celui qui prête attention au graffiti, est véritablement sujet à la perte de repères et de sens. La transposition du travail de RC au monde du graffiti, permet surtout de mieux comprendre la démarche du graffeur.
Les Writers cherchent à envahir un espace dont ils se sentent exclus. En marquant ces lieux à la bombe, ils parviennent partiellement à se réapproprier l’espace. Ils sont à travers leurs peintures, présents sur le lieu, et ces peintures ont la capacité de capter l’attention du passant, que cela lui plaise ou non.
En posant cette simple question à un Writer « Et toi pourquoi tu graffes ? », il me cite différentes raisons (besoin de s’exprimer, de se démarquer, de laisser, une trace,…) et finit par expliquer qu’il s’agit aussi grandement d’une question d’égo.
Farah.
La volonté de graffer le plus possible pour être le plus visible et le plus reconnu peut devenir la motivation principale. Que les textes nous soient imposés par des publicitaires ou par des graffeurs, nous subissons les messages présents dans l’espace public.
Le choix devrait être fait de façon presque évidente entre un panneau publicitaire et un mur composé d’un graff « lettrage + personage ». Au lieu de profiter de cette expression artistique spontanée, le riverain se trouve être gêné par cet acte. Ce n’est pas tant le contenu qui gêne mais le mode opératoire.
Il ne s’agit pas non plus d’idéaliser le mouvement et de considérer tous les graffeurs comme des artistes subversifs. Certains souhaitent simplement être reconnus ce qui se traduit par la volonté d’écrire son "blaze" un peu partout sur les murs sans vraiment se soucier de l’aspect.

Carrer Milans, Gotico, Barcelona, España. © Farah Nadir

Carrer Les Flors, Raval, Barcelona, España. © Farah Nadir

Carrer Peu de la Creu, Raval, Barcelona, España. © Farah Nadir

Carrer Milans, Gotico, Barcelona, España. © Farah Nadir
Références :
-Robin Collyer, Constructions, Exposition du 5 février au 29 avril 2012. Dossier enseignants, Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur. Textes rassemblés et conception : Denis Tessier.
http://www.lepointdujour.eu/images/documents/dossier_enseignants_robin_collyer.pdf
http://www.ccca.ca/artists/artist_info.html?languagePref=fr&link_id=187
- Pour toutes les photos et plus d'informations sur Robin Collyer :